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mercredi 19 janvier 2011

Naissance de l'alphabet

L'alphabet tel que nous le connaissons dans les pays occidentaux est l'aboutissement d'un long processus.

Parlant d'alphabet, je ne veux pas signifier nos signes latins par opposition aux caractères grecs ou cyriliques mais une écriture lettre par lettre avec des consonnes et des voyelles, complètement différente du chinois ou du japonais, différente des écritures arabes.


Pour aboutir à notre alphabet romain, le système d'écriture a été perfectionné au fil du temps, par plusieurs peuples qui sont, dans l'ordre : les Sumériens, Phéniciens, Grecs, Etrusques et Romains.


La communication se faisait initialement de manière verbale ou gestuelle. L'écriture est arrivée pour des histoires de "comptabilité" (pour compter les animaux) ou pour préciser les choses à un interlocateur semblant ne pas connaître le mot. Rien de tel en ce cas que de faire un petit dessin et là est née l'écriture de type idéographique.
Vu le manque de places à l'école des beaux arts de l'époque LOL, après un beau dessin fidèle sont arrivés des signes symboliques tels qu'un triangle pointe en bas pour représenter une femme (cherchez ce que ça représente) ou une ligne horizontale ondulée (en zigzag) pour figurer l'eau ; de même, nul besoin d'un dessin précis pour parler d'un oiseau volant dans le ciel.
En -3.000 ans av.JC, telle était l'écriture sumérienne archaique.
Une caractéristique de ces idéogrammes est que les interlocuteurs comprennent même s'ils ne parlent pas la même langue, si ses mots ne sont pas les mêmes. C'est ainsi que tous les Chinois ont des idéogrammes et se comprennent bien que les mots du cantonais ne soient pas les mots du mandarin.
Notez dans nos gares et nos aéroports, des signes qui permettent de s'adresser de manière simple aux étrangers : le point de rencontre, les toilettes, une cabine téléphonique, etc. avec l'internationalisation des échanges, il y a un retour aux pictogrammes ! ;-)
Le dessin correspond à un mot complet et parfois également à l'action qui en résulte.

Bien difficile et long d'avoir un dessin par objet et l'étape suivante a correspondu à une sorte de rébus où plusieurs dessins correspondent à un mot. C'est le type d'écriture qu'avaient les Egyptiens avec leurs hiéroglyphes.

Les Phéniciens, commerçants et navigateurs vivant dans la région du Liban actuel avaient, eux, une écriture syllabique. Un signe par son (consonne + voyelle).
Les phéniciens avaient aussi un syllabaire : liste de mots de base. La deuxième ligne de ce syllabaire correspondait au mot "bét" qui signifiait "maison" mais qui était utilisé pour les sons b en général. Il faut savoir que les langues sémitiques sont basées sur les consonnes et que les ba bi bu... sont des variantes précisant le temps, la personne, le genre, le nombre... un tout petit signe complétant le bét indique ces altérations/variantes.
L'écriture arabe est de ce type.

La langue grecque nécessitait une place plus grande donnée aux voyelles.
C'est au Ier millénaire av.JC que les Grecs ont pris comme point de départ le syllabaire phénicien pour bâtir leur alphabet. En ont été écartées des syllabes qui ne servaient pas au Grec, y ont été ajoutés des sons, des lettres que les Phéniciens n'utilisaient pas, etc.
Par exemple, la première syllabe phénicienne était "alep" que les Grecs ont remplacée pour y caser leur première voyelle : A (alpha).
Il faut bien voir tout l'intérêt : l'association d'un nombre relativement limité de consonnes et de voyelles (lettres) permet d'écrire tous les mots de la langue et le système était donc particulièrement économe (demandez à un étudiant en chinois qui a un très grand nombre d'idéogrammes).
Au final, les 22 signes phéniciens ont abouti à une série de 27 lettres grecques (dont 3 non utilisées) après ajout de 5 lettres.
L'alphabet Grec s'est stabilisé vers le 8e siècle av.JC.
C'est au 1er millénaire av.JC que les Etrusques, peuple vivant au centre de l'Italie (Toscane), ont commencé à transformer l'alphabet grec pour l'adapter à leur langue.
Les Romains ont, eux aussi, repris les alphabets étrusque et grec pour mettre en place le leur et ses 23 lettres (abandon de 7 lettres grecques, ajout de 3 lettres ; thêta, phi et xhi ont été notés th, ph et ch)... l'Italien actuel ne comporte que 23 lettres !!! Le J (variante du I) et le U (variante du V) ont été ajoutés au Français au 16ème siècle (vous souvenez-vous des U notés V sur les inscriptions latines de nos monuments ?). W a été ajouté au 19ème siècle.


Ainsi, ce type d'écriture des mots, avec ses signes élémentaires, mis en place par les Grecs, l'a été il y a 3 millénaires et tient toujours : jolie longévité ! Il est toujours adapté aux besoins de nos organisations et technologies très sophistiquées.
Il est amusant de voir que les rébus et charades (systèmes syllabiques) subsistent encore comme jeux. Il est intéressant de revoir l'utilisation de pictogrammes pour nos places internationales. La chose n'est pas surprenante car tout système a ses avantages et ses inconvénients et conserver le meilleur de chacun est sans doute une solution sage.


Au départ est le langage parlé. Un alphabet est un système graphique qui doit représenter l'ensemble des sons nécessaires, ni plus ni moins.
Lors de sa création, l'alphabet comportait tous les sons distinctifs de la langue.
Au cours des siècles, la langue et la manière de la prononcer ont évolué et des écarts sont apparus entre les besoins de sons et les possibilités de l'alphabet, il en est résulté les problèmes de l'orthographe (toute inadaptation d'un alphabet à une langue crée des problèmes : apparition de diphtongues puis de graphies compliquées - je pense par exemple au "ough" anglais qui premièrement comporte une graphie de 4 lettres, bien complexe et deuxièmement, correspond à de nombreux sons différents - à ma connaissance, ce problème est dû à l'écriture de mots d'origine scandinave avec un alphabet qui n'est pas scandinave) ! ;) mais ceci est un autre problème.

gM

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